mercredi 20 juin 2018

Expatriation et liens amicaux

Les liens sociaux sont essentiels à une vie heureuse ! Une étude de l’université de Harvard montre en effet que les gens qui avaient le plus de liens sociaux (qu’ils soient amicaux, familiaux ou avec une communauté) sont plus heureux, vivent en meilleure santé physique et plus longtemps que ceux qui ont moins de liens. Par ailleurs, le premier groupe garde un cerveau plus efficient.



En tant qu’expatrié, les liens amicaux concernent les personnes restées dans le pays d’origine et les personnes rencontrées dans le pays d’accueil.

Amitié avec ceux du pays d’origine:

L’annonce du départ à ses amis entraine un florilège de réactions, parfois imprévisibles (envie, expression d’abandon, encouragements, bonheur partagé,…). Il peut être difficile de faire part de ses difficultés d’expatrié aux amis restés sur place. L’apparente vie de rêve que nous avons peut nous faire craindre d’avoir l’air d’un « enfant gâté » et l’on peut pour cette raison garder nos difficultés pour nous. Pourtant, conserver des liens « vrais » avec ses amis d’origine est essentiel. Cela permet de voir les choses sous un autre angle et de répondre aux problèmes différemment, ce qui est une excellente ressource. Parfois, l’expatriation peut renforcer ou distendre les liens avec les amis restés au pays. Les règles d’une relation ne sont pas définies une fois pour toutes. Il y a une perpétuelle adaptation réciproque, consciente ou non. L’expatriation, en nous sortant de notre zone de confort, va rendre l’adaptation plus ardue.

Amitié avec ceux du pays d’accueil: 

Les liens sociaux ont un poids important dans la réussite de l’expatriation. Ils apportent bienêtre et facilitent l’adaptation des expatriés. Se faire des amis dans son pays d’origine et dans un pays d’accueil est souvent différent. Dans le dernier, et particulièrement pour les expatriés seuls, l’urgente et légitime nécessité de créer des liens amicaux conduit à créer des liens plus forts et plus rapides et, parfois, moins durables, plus superficiels. En effet, la fréquence des départs imminents peut conduire à moins investir ces relations. Internet a cependant tendance à réduire cet effet car nous ne sommes désormais plus vraiment si loin de l’autre. Par ailleurs, le choix des amis rencontrés dans le pays est parfois différent de celui que nous faisions dans le pays d’origine. Vivre en dehors de son pays d’origine ouvre des possibilités en ce sens. Bien que, habituellement, la relation est plus forte avec des personnes de même niveau social, culturel, éducatif et familial.


Vers sa communauté d’origine ou vers la communauté d’accueil ?

La plupart du temps, les expatriés interagissent davantage avec les nationaux que les internationaux du fait de leur activité professionnelle. Or, il existe des biais et des distorsions dans la rencontre interculturelle (par exemple, demander des nouvelles de ses proches à quelqu’un que l’on connait pourrait conduire un français à nous étiqueter de « non respectueux de l’intimité de l’autre » alors que, pour un mexicain, nous pourrions ainsi paraître attentif à l’autre et empathique). Nous allons ainsi devoir développer des compétences interculturelles et une meilleure efficacité dans la communication. En attendant, vous l’aurez compris, il est particulièrement important d’éviter tout jugement hâtif. Nos « lunettes culturelles » ne permettent pas toujours d’interpréter avec justesse des actes ou des paroles.


Quant au conjoint de l’expatrié, lorsque celui-ci ne travaille pas, il est fréquent qu’il privilégie, dans un premier temps, les liens d’origine au détriment de son implication sociale (Mérignac et Grillat, 2012). Par la suite, il développe davantage de relation dans la communauté des expatriés où il existe d’emblée une solidarité comme le montre les réseaux sociaux et autres « ville accueil ». Dans les cas où le conjoint acquiert une activité professionnelle par la suite, il s’implique alors rapidement dans la communauté des nationaux et sa fréquentation des internationaux est alors moindre. Aussi, les enfants sont également importants dans la constitution de réseau (de nationaux ou d’expatriés) : beaucoup d’amis sont des parents d’amis des enfants.

L’installation dans un nouveau pays nous amène généralement à un conflit, un morcellement culturel et nous subissons une pression psychologique qui atteint notre identité. Des remaniements de notre identité vont se produire avec une remise en question de nous-même. Ceci est d’autant vrai que la distance géographique et que la différence entre la culture d’origine et celle du pays d’accueil sont grandes.

 Lorsque nous sommes face à un problème, nous mettons spontanément en place une stratégie. Le choix de la stratégie dépend des apprentissages que nous avons fait tout au long de notre vie et, la plupart du temps cette stratégie est efficiente. Parfois en revanche, cette dernière ne l’est pas et va même être source de souffrance. Nous ne parvenons pas à sortir de notre schéma habituel, bien qu’il soit source de difficultés.

Nous tentons de supprimer notre difficulté par des solutions apparemment différentes, mais qui ne sont en réalité que des variantes, toutes aussi inefficaces, des solutions antérieures. Ainsi nous aboutissons, par des efforts de plus en plus pénibles et répétés, à constater l’échec de ce type de solutions, tout en ayant l’impression d’avoir « tout essayé » et nous désespérons. Dans le cas des situations d’expatriation, quand l’identité est menacée, les stratégies peuvent être un rejet de sa culture d’origine au bénéfice de la culture du pays d’accueil ou vice versa. Elles peuvent également aller jusqu’à un rejet des deux cultures.

La rencontre avec un psychologue va permettre à la personne de prendre en compte de nouvelles possibilités, de nouveaux schémas, plus efficients, qui lui permettront d’utiliser à bon escient les solutions qui sont déjà chez la personne. Il va ouvrir le champ des possibles et amener ainsi une plus grande souplesse chez la personne qui sera par la suite à même de répondre de façon plus pertinente et heureuse aux évènements de la vie.

Cet article fut écrit par: 

Gwénaëlle Faissolle, psychologue

THERAPION.COM FR 

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